Quel est le lien entre le manque de sommeil et le cerveau ? Julia, neurologue, nous informe sur l’importance de bien dormir pour la santé, notamment la santé mentale !
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Transcript de la vidéo :
Bonjour à toutes et à tous je suis ravi de vous retrouver pour cette première interview avec un professionnel de santé !
Nous avons le plaisir d’accueillir un invité de choix le docteur Julia Nivelle, Neurologue, bonjour Julia !
Julia : bonjour Mathieu
Mathieu : je vous remercie de nouveau d’avoir accepté notre invitation aujourd’hui nous allons parler du sommeil et plus particulièrement des conséquences d’un manque de sommeil sur la santé mentale. Nous ne le rappellerons jamais assez qu’il est essentiel de prendre soin de votre sommeil et d’agir dès les premiers inconforts physiologiques, et de rappeler l’importance d’un diagnostic médical en cas de doute sur un trouble du sommeil. Je vous propose d’entrer dans le vif du sujet. Première question Julia
Quels sont les différents troubles du sommeil ?
Julia : dans les troubles du sommeil, on à la fois les troupes dans la quantité de sommeil, que ce soit une insomnie ou une hypersomnie ; et puis on peut avoir des troubles dans la qualité du sommeil qui peut être en lien avec des parasomnies ou une inversion du rythme nycthéméral (les troubles du sommeil circadin) ou on a tendance à dormir la journée et pas la nuit alors que, physiologiquement, on est fait pour dormir la nuit puisque on fabrique des hormones, tels que le cortisol ou encore l’orexine, ou la sérotonine à 8 heures du matin pour aider à l’éveil et à l’inversé plutôt la mélatonine en fin de journée pour aider à l’endormissement.
On va donc à l’inverse de notre organisme naturellement. Dans les troubles de la qualité du sommeil on peut également avoir des réveils multiples ou alors l’impression d’avoir eu un sommeil d’une durée suffisante.
Généralement, une durée suffisante de sommeil, pour les patients, c’est entre 7 et 8 heures de sommeil sachant qu’on a aussi des petits dormeurs qui ont besoin que de 5 heures par nuit et pour d’autres, des grands dormeurs, ont besoin de 9 voire 10 heures de sommeil. Mais pour quelqu’un qui dort comme il le devrait, il peut se réveiller fatigué parce que la nuit n’a pas été de bonne qualité, notamment du fait d’un syndrome d’apnées du sommeil, ce qui est assez fréquent, ou alors on peut avoir des réveils nocturnes du fait de douleurs insomniantes.
Autre cause, par exemple, la nycturie : c’est le fait de devoir aller aux toilettes la nuit. Les réveils multiples sont problématiques puisque ils réduisent les durées de phase de sommeil lent profond et sommeil paradoxal qui sont des phases de sommeil qui permettent une réactivation des traces mnésiques et qui réduisent les interférences à l’apprentissage.
Donc, lorsqu’on manque de phases de sommeil lent profond et sommeil paradoxal, on fait moins de tri des informations pertinentes ou non. Ce qui peut poser problème au niveau de la mémoire dont on parlera peut-être un peu plus tard. Dans les symptômes liés à l’insomnie, qui est le trouble du sommeil le plus fréquent, on à la fatigue voire la somnolence diurne qui peut être embêtant lorsqu’on doit conduire.
On peut également avoir une irritabilité, une anxiété, des troubles de l’attention, une hyperphagie compensatrice puisque quand on doit être actif la journée parce que, par exemple, on travaille, on n’a pas dormi assez à la nuit. Il nous faut un carburant : on a donc tendance à manger plus que ce qu’il ne devrait. Ce qui peut même quelquefois entraîner un surpoids.
Parmi les autres symptômes de l’insomnie, on peut également avoir une hyperactivité motrices, une distractibilité, une apathie donc beaucoup de symptômes qui jouent sur notre notre mode de vie.
Mathieu : exactement ! A noter que l’insomnie et le trouble du sommeil le plus fréquent et peut entraîner des conséquences plus ou moins néfastes pour votre organisme. La deuxième question qui en découle est la suivante Julia
Quelles sont les conséquences d’un manque de sommeil ou d’un sommeil de mauvaise qualité sur la santé mentale ?
Julia : en dehors des problèmes évoqués précédemment, un manque de sommeil chronique peut retentir sur l’attention et la mémoire, notamment la mémoire de travail mais également sur le fonctionnement exécutif, tel que planifier, programmer une activité (par exemple cuisiner avec une recette).
En manque de sommeil, nous pouvons difficilement encoder de nouvelles informations du fait du manque de concentration. Si par contre l’encodage a pu se faire durant la journée, l’insomnie va empêcher l’optimisation du stockage de ces informations. Les informations encodées durant la journée ne pourront plus être stockées ou consolidées ou au contraire éliminées, si elle doit être éliminées ! ce qui va être responsable d’une augmentation des interférences contre l’apprentissage dit « utile ».
Lorsqu’on manque de sommeil, la phase de récupération des informations est également plus difficile. On a du mal à ressortir l’information alors qu’elle a pourtant bien été stockées et d’ailleurs on s’en rend compte puisqu’elle peut être ressorti à posteriori.
Parmi les pathologies qui sont en lien avec les troubles du sommeil, on a la maladie d’Alzheimer qui est une maladie très bien connue et très fréquente. Une étude sur quatre groupes de souris : un groupe autorisé à dormir et l’autre privé de sommeil pendant cinq jours, nous a permis de mettre en évidence un risque plus important de développer la maladie d’Alzheimer, ou autres troubles neurologiques.
D’ailleurs, lorsqu’on manque de sommeil de manière significative. Ceci étant lié à un trouble dans la phagocytose astrocytaire et de la microglie. En fait la phagocytose, c’est le fait de détruire les déchets protéiques qu’il y a au niveau intra-synaptique ; et donc cette phagocytose se fait en veille quand on manque de sommeil en fait il y donc trop de veille et en fait ça induit une hyper phagocytose qui devient même délétère au final pour les neurones.
Dans une autre étude, sur des souris également, on a également montré que le manque de sommeil entraînait une réduction de l’élimination des déchets spécifiques de la maladie d’Alzheimer et notamment les protéines Aβ42, qui doivent être éliminées durant le sommeil grâce à une vasodilatation des vaisseaux intracérébraux.
Donc si on manque de sommeil, on ne peut pas éliminer ces protéines qui vont alors avoir tendance à s’agréger pour former des plaques qui vont en fait formée la maladie d’Alzheimer
Mathieu : En résumé, en plus de la consolidation de la mémoire, le sommeil aurait également une sorte de fonctions physiologiques de nettoyage des déchets accumulés dans le cerveau pendant l’éveil. On peut donc dire qu’un sommeil de mauvaise qualité ou une privation de sommeil endommagerait le cerveau. On se pose encore la question sur le caractère réversible ou non de cet endommagement cérébral. l’objectif est évidemment de ne pas vous faire peur mais de pointer l’importance de prendre soin de votre sommeil.
Alors, pour réduire un peu l’aspect anxiogène de tout cela, je vous propose Julia, peut-être, de dresser rapidement quelques solutions pour améliorer le sommeil
Quelles solutions pour améliorer son sommeil ?
Julia : oui bien sûr, des solutions existent pour éviter que la situation ne dégénère. Cela passe déjà par une bonne hygiène de vie. On recommande :
- d’avoir un rythme veille sommeil régulier c’est à dire une heure de coucher plus tôt à heures fixes
- d’éviter les excitants après 17h comme la consommation de café ou de tabac
- d’éviter l’utilisation d’écrans
- de faire du sport c’est vrai que ce n’est pas vraiment recommandé après 17 heures.
- Si on peut aussi, avoir une lumière plutôt tamisée
- faire de la relaxation
- éviter les chambre surchauffée
Tout ça peut favoriser donc l’endormissement. Si ce n’est pas suffisant, on peut s’orienter vers la phytothérapie, vers certaines plantes comme par exemple la valériane, la passiflore, la mélisse, la verveine etc. ou par la mélatonine, qui peut être prescrit par votre médecin. Et enfin, si ça ne suffit pas, il vaut mieux consulter un médecin pour vérifier qu’il n’y a pas d’autres troubles associés puis pour aider à traiter ces problèmes d’endormissement.
Mathieu : très bien ! Merci Julia pour ses précieuses informations. Pour conclure, ne négligez pas votre sommeil, quelle que soit votre âge. Lors des premiers inconfort physiologiques, des solutions naturelles existent telles que la gestion du stress, la diminution du temps passé sur les écrans, ou encore l’utilisation de certains ingrédients de santé naturels comme la mélatonine ou la passiflore. Évidemment, en cas de doute ou de troubles du sommeil importants, il faut consulter son médecin qui est le seul à pouvoir vous accompagner, poser un diagnostic puisqu’il peut y avoir des maladies qui se cachent derrière des troubles du sommeil comme l’anxiété ou encore la dépression. Merci Julia pour cette précieuse intervention !
Julia : Merci pour l’invitation !
Mathieu : Merci ! Nous nous retrouvons le mois prochain pour une nouvelle interview avec un pharmacien sur le thème du magnésium donc n’hésitez pas à nous envoyer vos questions via le formulaire en cliquant ici, notre invité aura le plaisir d’y répondre ! A très vite sur Nutrastream