Millepertuis, danger ? Interview psychiatre

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Le millepertuis, alternative pour le moral et l’humeur, est-elle une plante dangereuse ? Sophie, psychiatre, nous informe. Alors, le millepertuis, danger ?

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Transcript de la vidéo

Mathieu : bonjour à toutes et à tous, je suis ravi de vous retrouver pour cette nouvelle interview avec un professionnel de santé. J’ai le plaisir d’accueillir un invité de choix : le docteur Sophie Rasson, psychiatre et addictologue, spécialisé en micro-nutrition. Bonjour Sophie !

Sophie : Bonjour Mathieu, bonjour à ceux et celles qui nous écoutent !

Mathieu : Je te remercie de nouveau d’avoir accepté mon invitation. Aujourd’hui, nous allons parler du millepertuis, une plante médicinale qui ne semble pas anodine mais qui est néanmoins en vente un peu partout : en pharmacie, en grande distribution ou encore sur Internet. Je te propose d’entrer dans le vif du sujet, on va répondre à la question que tout le monde se pose : le millepertuis est-ce dangereux ?

Les bienfaits du millepertuis

Mathieu : première question Sophie, avant de voir si millepertuis : danger ? Peux-tu nous présenter le millepertuis ?

Sophie : oui, bien sûr ! Alors le millepertuis c’est une plante qui a déjà pour nom latin hypericum perforatum. On peut la trouver aussi sous le nom d’herbe de la Saint-Jean ou chasse-diable. Elle est originaire d’Europe, d’Afrique du nord et du Moyen-orient, mais en réalité on peut la trouver un petit peu partout aujourd’hui ; et elle contient principalement deux molécules actives : d’une part c’est l’hypéricine et, d’autre part, l’hyperforine, contenues dans les fleurs et les bourgeons.

Mathieu : pour préciser l’hypéricine et l’hyperforine sont des substances qui agissent sur le corps comme les neurotransmetteurs (c’est-à-dire des molécules qui assurent la transmission des messages d’un neurone à l’autre, au niveau des synapses…).

Sophie : exactement ! En fait c’est ce sont des molécules qui vont mimer l’action d’un médicament antidépresseur donc les personnes qui veulent consommer du millepertuis en général vont l’utiliser pour améliorer leur humeur ou leur équilibre émotionnel.

Herbe de la Saint-Jean, vraiment efficace ?

Mathieu : peux-tu Sophie nous résumer les études récentes à ce sujet ? Il semblerait que certaines études soient contradictoires…

Sophie : Oui en réalité il y a eu pas mal d’études alors principalement portant sur des troubles dépressifs qui montre une efficacité parfois qui va être équivalente à certains traitements antidépresseurs donc dans des indications de dépression et puis d’autres qui ne montre aucune efficacité ou alors une faible efficacité.

En réalité, le millepertuis peut agir sur trois neurotransmetteurs donc, comme on disait tout à l’heure, des molécules qui assure la transmission de messages entre les neurones. Le premier neurotransmetteur c’est la dopamine, qui est responsable de la motivation, du circuit de la récompense, de la notion de plaisir. On a également la sérotonine qui va être le neurotransmetteur responsable du calme, du bien-être, de l’humeur positive et puis la noradrénaline qui elle est plutôt impliquée dans tout ce qui est concentration, focalisation de l’attention et énergie. Donc le millepertuis a été utilisé et évalué principalement sur les troubles dépressifs, sur l’anxiété mais aussi dans le sevrage tabagique.

Mathieu : très intéressant ! le millepertuis est plutôt une bonne plante, un bon ingrédient de santé naturel, même si certaines études ne montrent pas une forte efficacité ! Attention parfois c’est parce qu’on ne choisit pas le bon extrait, ça c’est important de le signaler. En outre, il existe quand même des contre-indications et les précautions d’emploi semblent nombreuses ! Finalement, le millepertuis, est-ce dangereux d’en consommer Sophie ?

Millepertuis danger ?

Sophie : en réalité ce n’est pas forcément dangereux d’en consommer s’il est bien indiquée donc ça veut dire que la première chose à faire c’est de trouver quelqu’un qui va pouvoir vous conseiller le millepertuis dans votre situation à vous. Il faut savoir qu’il y a déjà des contre-indications, des situations dans lesquelles on ne peut pas utiliser du millepertuis qui sont :

  • la grossesse ;
  • l’allaitement ;
  • et la consommation de certains médicaments qui vont entrer en interaction avec le millepertuis.

Le millepertuis est une plante qui est connu justement pour ces interactions médicamenteuses nombreuses alors, en particulier, elle inactive par exemple :

  • les anticoagulants ;
  • la pilule contraceptive ;
  • elle peut aussi entrer en interaction avec des antidépresseurs donc si vous êtes déjà sous traitement antidépresseur, il ne faut pas prendre de millepertuis.
  • Ça peut interagir avec des traitements contre les convulsions, des traitements antiépileptiques, et puis d’autres molécules qui sont prescrites un petit peu plus rarement.

Ensuite, il y a des situations où vraiment le millepertuis ne va pas du tout être indiqué, c’est à dire que on peut l’utiliser dans la dépression mais si par exemple en fait ce n’est pas une dépression que vous avez mais plutôt un trouble bipolaire par exemple, ou un autre trouble de l’humeur, et bien le millepertuis non seulement ne va pas être efficaces mais va plutôt même être dangereux et aggraver vos symptômes.

Enfin, la dernière situation qui est un petit peu plus relative c’est que le millepertuis peut créer une photosensibilisation, c’est-à-dire aggraver par exemple des coups de soleil et donc on peut pas le prendre si on s’expose au soleil. Alors ça c’est une contre-indication plus relative parce que ça arrive à fortes doses, il faut quand même le mentionner parce que, chez certains sujets sensibles, ça peut vraiment créer des problèmes.

Mathieu : tout à fait, il semble y avoir de nombreuses contre-indications quant à la consommation de cette plante finalement. C’est pour ça qu’on le dit toujours, il est vivement conseillé de demander l’avis de son médecin surtout pour le millepertuis et pour la baisse de moral.

Vos questions sur le millepertuis danger ?

Avant de nous quitter, nous avons sélectionné trois questions de la part de la communauté .

Sylvie nous pose la question suivante : « quelle est la différence entre la déprime et la dépression ? « 

Sophie : Oui c’est une vraie question, c’est une question intéressante qu’on peut tous se poser quand on va un petit peu moins bien sur le plan du moral. Alors déjà il faut savoir une chose c’est que quand vous ressentez une petite déprime en général c’est quelque chose qui est réactionnelle à un événement que vous avez vécu, qui va être passager, avec des symptômes de faible intensité et qui va finalement être ce qu’on appelle spontanément résolutif, c’est à dire ça va se résoudre tout seul en quelques jours ou quelques semaines au maximum.

Dans la dépression en fait nous les psychiatres on a des critères diagnostics précis pour pouvoir affirmer que vous souffrez de dépression et, de manière générale, ce que je peux dire c’est que ce sont des signes qui sont plus intenses, plus durables, qui ne vont pas passer tout seul et en général, on va surtout observer une tristesse, une lassitude, un petit peu quotidienne, permanente. Après évidemment il y a plusieurs formes de dépression et parfois c’est très difficile à différencier de la déprime ; en particulier par exemple le trouble de l’humeur saisonnier qui peut être des symptômes d’intensité assez modérée donc on a l’impression que c’est une petite déprime mais qui revient chaque année, souvent à l’automne, donc il y a certains mois de l’année où on ne va être pas bien et du coup là ça peut être difficile à différencier de la dépression d’où encore une fois l’intérêt de voir un médecin qui fasse un vrai diagnostic avant de prendre quelque chose ; et puis on peut avoir aussi d’autres problématiques par exemple les compulsions alimentaires, ou parfois aussi les addictions comme l’addiction au tabac qui sont très liés à des troubles de l’humeur et qu’il faut aussi savoir repérer.

Autre question de David : « que peut-on faire pour booster son moral naturellement ? »

Sophie : oui alors c’est aussi une question très intéressante je pense que tout le monde peut se poser à différents moments. Moi, en général, je me passe sur quatre axes pour booster le moral naturellement. Déjà la première chose ça va être la chronobiologie nutritionnelle c’est-à-dire la chrono-nutrition donc on sait que notre cerveau il va fonctionner en ayant besoin de fabriquer plus tôt de la dopamine en première partie de journée.

La dopamine, je le rappelle, responsable de la motivation, l’entrain, le plaisir et du coup pour fabriquer de la dopamine vous avez besoin d’apporter des aliments riches en protéines au petit déjeuner en première partie de journée et de réduire la proportion de glucides au petit déjeuner. Donc le traditionnel pain confiture il vaut mieux éviter. Ensuite, nous avons besoin aussi de fabriquer de la sérotonine en deuxième partie de journée plutôt en fin de journée puisque c’est le neurotransmetteur qui va nous permettre de nous sentir calme, apaiser, et qui va ensuite donner la mélatonine responsable un bon sommeil pour fabriquer de la sérotonine dans notre cerveau. On a besoin d’apporter des glucides alors les glucides c’est pas forcément du sucre évidemment ça peut être plutôt des végétaux, des céréales, des légumineuses, des féculents du coup au repas du soir ou en tout cas en deuxième partie de journée pour améliorer la sécrétion de sérotonine.

Le deuxième axe ça va être l’activité physique, le mode de vie c’est à dire que l’activité physique aujourd’hui c’est des choses qui sont démontrées dans les études a un impact positif sur votre moral. Alors ici évidemment je parle d’une activité physique modérée et régulière, je n’ai pas dit qu’il fallait courir un marathon tous les trois jours. De la même manière si on parle du mode de vie on va parler du sommeil un bon sommeil, un sommeil de qualité et en quantité suffisante c’est très important pour maintenir un moral au top.

Le troisième axe ça va être la lumière ou luminothérapie. La lumière en fait ça a un impact énorme sur la capacité de notre cerveau à fabriquer les neurotransmetteurs et du coup on va parfois conseiller des lampes de luminothérapie mais tout simplement vous à la maison ce que vous pouvez faire c’est penser à vous exposer au soleil, à être à l’extérieur pendant au moins une demi-heure par jour si possible le matin pour bien caler la sécrétion des neurotransmetteurs au niveau de votre cerveau.

Et puis le dernier aspect évidemment auquel on pense pour avoir un bon moral et bien souvent c’est intéressant de pratiquer des techniques de relaxation ça peut être de la méditation, du yoga, de la cohérence cardiaque tout ça c’est des choses complémentaires mais qui nous permettent aussi d’apprendre à mieux gérer le stress et à faire en sorte de laisser passer un petit peu les pensées désagréables.

Mathieu : tout à fait, je le répète jamais assez les ingrédients de santé naturels peuvent vous aider mais à côté de ça, il y a énormément de solutions qui s’offrent à vous et allez piocher dans toutes ces solutions là pour vraiment prendre en main votre santé efficacement et naturellement.

Dernière question de Leïla : « à part millepertuis existe-t-il d’autres plantes intéressantes qui contribuent à la bonne humeur ? »

Sophie : bien sûr et du coup on les utilise très fréquemment aussi dans les prises en charge. C’est ce qu’on appelle des plantes adaptogènes. Alors on les appelle comme ça parce qu’elles vont nous aider à nous adapter à des facteurs de stress.

Sur le moral, sur l’humeur, et l’équilibré émotionnel, on a principalement le rhodiola rosea, qui est une plante très intéressante dans cette indication. On a également l’ashwagandha qui va nous aider à gérer le stress de manière générale, qu’ils soient physiques ou psychiques, et qui a également d’autres actions intéressantes notamment par exemple sur le système immunitaire ou la thyroïde et puis souvent je prescris également du safran, qui est également très intéressant dans certaines indications en psy donc par exemple dans l’équilibre émotionnel également et tout ce qui est problèmes de concentration et d’attention.

Mathieu : Tout à fait, merci beaucoup Sophie pour tes réponses alors en conclusion j’ajouterai c’est très important que lorsqu’on ne se sent pas bien moralement même si on a des doutes, il faut aller chez le médecin qui est le seul à pouvoir établir un diagnostic que ça soit un généraliste ou un psychiatre. Il est vivement déconseillé se procurer par soi même certaines plantes comme le millepertuis justement sans être préalablement conseillé par un professionnel de santé avisé. N’oubliez pas quand vous allez dans une pharmacie, un pharmacien ne peut pas établir un diagnostic sur éventuellement une dépression par exemple légère ou transitoires donc ça c’est très important. Bien sûr il va pouvoir, en tant que professionnel de santé, vous orienter et aussi pouvoir vous évoquer les contre-indications, les interactions mais c’est très important à mon sens d’être accompagné par un médecin. Je rappelle que c’est aussi uniquement le médecin qui peut établir un diagnostic, donc pas d’auto-diagnostic quand vous avez une petite petite baisse de moral, c’est très important de le rappeler. Par ailleurs le médecin peut vous aider et vous accompagner et vous trouvez vraiment le bon traitement qui vous correspond pour les petites baisses de moral.

En tous les cas pour les petites baisses d’humeur il existe bien sûr des solutions naturelles tout à fait adaptées. On vient de les voir en tous les cas merci beaucoup Sophie pour cette interview !

Sophie : Merci à toi de m’avoir invité !

Mathieu : merci, nous nous retrouvons le mois prochain pour une nouvelle interview avec un professionnel de santé : un pharmacien galeniste sur l’intérêt de la vitamine c liposomale. N’hésitez pas à nous envoyer vos questions via le formulaire en cliquant juste ici, notre invité aura le plaisir d’y répondre ! A très vite sur Nutrastream

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